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Ammar: On ne cèdera pas aux pressions européennes sur la migration

Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger, Nabil Ammar, a déclaré dans une interview au journal britannique "Al Majalla", que la Tunisie n'est pas responsable des différends concernant l'accord avec l'Union européenne, en rapport avec la question de la migration irrégulière.

"En ce qui concerne l'Union européenne, les divisions et les défis viennent principalement d'elle (...) Le 16 juillet à Carthage, nous avons signé un protocole d'accord, sur l'insistance des dirigeants européens, comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre néerlandais  Mark Rutte et la cheffe du Conseil italien, Giorgia Meloni (...) Au cours de ces discussions, nous avons souligné la nécessité d'un changement d'approche, dans le sens de l'établissement d'un partenariat stratégique, fondé sur le respect mutuel entre les deux parties. Cela s'étendait au-delà des préoccupations d'immigration", a-t-il expliqué.

Il a affirmé que la Tunisie aspire à établir un partenariat libre, sans exploitation ni ingérence dans ses affaires intérieures, soulignant que la partie européenne a
exprimé sa compréhension et son approbation de ces conditions. "Nos interlocuteurs ont annoncé qu'ils étaient prêts à reconsidérer l'accord, mais cela n'a pas eu lieu".

"L'Union européenne ne devrait pas chercher à atteindre ses objectifs, sans tenir compte de nos intérêts et de nos priorités (...) Nous visons à cultiver un partenariat équilibré et d'égal à égal (...) La partie européenne a indiqué sa compréhension et son accord avec ces principes. En outre, elle s'est déclarée prête à reconsidérer ses perspectives, même en ce qui concerne les questions de démocratie et de droits de l'Homme (...) Cependant, ce n'est pas ce qui s'est produit, peut-être parce que certains pays de l'Union européenne restent divisés entre eux et que les points de vue de leurs experts les ont influencés, empêchant un changement de perception", a-t-il souligné.

Et d'ajouter: "Ils ont continué à maintenir leurs points de vue étroits. Nous leur avons fait comprendre la nécessité impérative d'une révision dans leur position, en leur précisant que nous ne demandons pas d'aide (...) Nous rejetons toute déformation de la situation, notamment concernant les 60 millions de dollars destinés à faire face à la crise de Covid-19 (...) Nous leur avons dit que la Tunisie n'était pas à l'origine de la pandémie , du conflit ukrainien, de la situation en Libye ou du climat. Malheureusement, ils ne reconnaissent aucune responsabilité partagée et, dans nos circonstances difficiles, ils formulent des exigences qui sont, par essence, impossibles à satisfaire".

Concernant les inquiétudes sur un éventuel projet d'installation des migrants en Tunisie, le ministre a fait savoir que la partie européenne souhaite cette solution, mais il a affirme que cela est totalement inacceptable et en tant que nation souveraine, le pays accorde la priorité à la sauvegarde de ses frontières.

"C'est certainement le résultat qu'ils souhaitent. Ils travaillent activement pour orienter la Tunisie dans cette direction, en exerçant des pressions, à travers les médias et en faisant des déclarations sur un présumé effondrement de l'économie tunisienne, comme en témoignent les propos de M. Joseph Borrell (...) Cela semble être un prélude à des pressions sur la Tunisie pour qu'elle assume le rôle de "garde" de l'Europe et accueille les migrants irréguliers. C'est totalement hors de questions. Notre priorité est la sauvegarde de nos frontières", a-t-il encore affirmé.

Et de conclure: "Malgré nos ressources limitées, nos forces sont engagées quotidiennement dans le secours ďimmigrés irréguliers. Nous avons exhorté les Européens à reconsidérer leur approche (...) L'accord que nous avons signé à Carthage le 16 juillet, englobait plusieurs aspects clés...".

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